Entretien avec Costa Coursaris, Directeur Général de Musal communication.

Le Profil : Katanga Business Meeting, Pourquoi avoir gardé l’appellation « Katanga » après démembrement des provinces et pourtant cette province n’existe plus ?
Costa : L’origine de l’appellation Katanga désigne le cuivre. En anglais on emploie le terme Copperbelt, alors en tant que congolais nous avons voulu garder l’appellation « Katanga ».
C’est un langage du peuple et cela fait partie de notre histoire.
C’est aussi comme ça qu’on identifie notre événement et il est compliqué de modifier une marque déposée.
Le Profil : Pour la première édition les chiffres étaient de 120 exposants et 3000 visiteurs, pour la deuxième édition en 2015, le KBM est passé à 160 exposants et 4000 visiteurs. Quelles sont les prévisions pour l’édition 2018 ?


Costa : Disons que les ambitions restent similaires à la dernière édition de 2015. On reste sur un schéma de 160-170 entreprises exposantes et un nombre de visiteurs estimé à 4000 ou 5000.
Alors vous allez me demander pourquoi ne pas viser plus haut ? Je vous dirais que nous sortons quand même d’une grande crise. Et bien que le cobalt nous fasse miroiter un avenir meilleur,
je pense que c’est le temps de la transition. Cette perspective d’un avenir meilleur prendra du temps à s’imposer. Je pense qu’il est plus raisonnable et réaliste de vous promettre ce qui a
déjà été fait.
Le Profil : Le gros des investisseurs vient du secteur minier certes. Les dernières innovations introduites à l’édition de 2015 sont l’agriculture et les PME, à quelle touche particulière devrions-nous nous attendre pour cette édition 2018 ?

Costa : L’agriculture est toujours présente, les PME via notre partenaire la FEC est maintenue. Il y aura de la place et des avantages pour tous. Une autre nouveauté pour cette édition est l’accent particulier mis sur l’intégration du jeune entrepreneur. Les jeunes entrepreneurs ont un rôle important dans le développement de notre pays. Nous sommes attentifs à la légalisation des jeunes entrepreneurs pour qu’ils passent à du concret et profitent des avantages qui sont liés à la formalisation de leurs activités. Ce sont deux bras de fer que nous allons aborder. Le code minier sera également au programme ainsi que la sous-traitance et les traités liés à l’HOADA. Nous veillerons également à donner de la visibilité aux StartUp.

Le Profil : KBM c’était un évènement annuel, aujourd’hui biannuel, est – ce un choix ou une stratégique ?
Costa : Ce n’est ni un choix ni une stratégie. Nous sortons tous d’une longue crise et en tant qu’entreprise on veut s’inscrire dans la durée mais il faut aussi s’adapter à notre environnement.


Si les miniers eux-mêmes ont eu des difficultés, le secteur privé non plus n’a pas été épargné. Durant cette crise, Musal a été contraint de réduit son personnel de moitié, avec un tel effectif,
relever le challenge n’était pas possible. Il m’a fallu un peu de temps pour me reconstruire et aujourd’hui je me sens prêt à affronter cette édition 2018.
De plus, nous dépendons des indices économiques du pays, si l’économie va bien, nous aussi ! Cette année, nous serons porteurs de messages positifs. Le KBM 2018 va pouvoir être
la vitrine d’un pays, d’une nation prospère. Mais quand la nation est en difficulté, il est difficile pour nous de fausser la donne. Le retard de notre 3ème édition était lié à la conjoncture
économique avec laquelle il a fallu composer.

Le Profil : À ce jour, quelle lecture faites-vous de la conjoncture économique et des perspectives d’avenir pour la RDC et le monde ?
Costa: La conjoncture économique est encore très difficile. Le pays est très grand et il y a beaucoup de décalages entre les régions, mais la crise est visible partout. Voyez Goma ou
Kinshasa, ces villes sont encore en difficulté même si aujourd’hui au Lualaba les choses semblent s’améliorer. Ce n’est pas parce que dans une région les choses vont bien, que le pays tout entier va bien et vice versa. C’est cette stabilité que nous recherchons via nos secteurs qui sont tous porteurs, secteurs qui incluent l’énergie, le tourisme et les assurances. On ne va pas se répéter sur le potentiel de notre pays, je pense que l’économie sera positive quand tous les éléments seront stabilisés et que nous aurons une économie diversifiée. Cela implique une agriculture protégé vis-à-vis de l’importation de pays voisins, une stabilité des assurances et de l’énergie.
Aussi, notons qu’une économie uniquement basée sur le secteur minier est une économie porteuse mais qui ne garantit ni stabilité ni pérennité.


Donc est-ce que le KBM reflète effectivement l’économie nationale ? La réponse est oui et non. Le KBM peut très bien avoir lieu mais il ne résoudra pas à lui seul toutes les difficultés du pays. Alors oui, d’un côté on aborde de front les difficultés et nous sommes au centre des échanges, mais de l’autre on donne une possibilité de présenter le potentiel de la nation, de présenter les investissements possibles, de mettre en relation les professionnels et de voir comment palier effectivement aux difficultés économiques. En amenant des acteurs économiques de pays différents mais aussi en incitant les acteurs économiques congolais à s’ouvrir à la polyvalence.
Par polyvalence, j’entends par exemple encourager les hommes d’affaires congolais qui ont des résultats et qui font des bénéfices à investir dans leur pays et à diversifier ses investissements. Un congolais qui est dans les mines aujourd’hui je l’encourage à aller dans l’agriculture, l’énergie, le tourisme, et à éviter le schéma classique de l’investissement immobilier à l’étranger. Gardons les fonds dans notre pays ! Mais effectivement, cela demande une stabilité, une garantie et des accompagnements. C’est tout cela que je souhaite pour mon
pays.
Le Profil : Quel message pour cette édition de KBM 2018 ?
Costa : Nous invitons tous les partenaires à venir nombreux au KBM 2018, des stands sont encore disponibles. À se connecter sur notre application de match making afin d’optimiser leurs
rencontres. Et ainsi, que tous se concentrent sur l’évolution de notre pays et sa diversité.
Merci au Magazine Le Profil, un partenaire média qui accompagne KBM depuis sa création.

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